
Histoire:
Force ouvrière est l'héritière de la branche réformiste de la CGT, syndicat qui a été, dès sa création en 1895, tiraillé entre une tendance réformiste et une tendance révolutionnaire puis communiste. Cette dernière tendance, minoritaire jusqu'à la Libération, a déjà fait scission en 1921 (création de la CGTU) avant de renforcer ses positions au sein de la CGT réunifiée au moment du Front populaire. L'échec des grèves de 1938 contre Daladier affaiblit l'aile communiste de la CGT, finalement exclue en 1939 au moment de la signature du pacte germano-soviétique.
Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, c'est la tendance réformiste (non communiste) qui se trouve en minorité et crée, en 1947, la Confédération générale du travail-Force ouvrière (CGT-FO).
Origines de la CGT:
La Première Guerre mondiale montre les premières divergences : la CGT est divisée entre une majorité (dont la direction) ralliée à l'Union Sacrée et à l'effort de guerre, et une minorité, pacifiste, dénonçant la guerre et soulignant la nécessité de maintenir l'activité revendicative.
Quelques dates:
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1921 : scission entre la CGT et la CGT-U (U comme « unitaire »), laquelle regroupe au départ les éléments (divers) de la CGT hostiles à la Guerre et se reconnaissant dans la perspective révolutionnaire ouverte en Russie. La CGTU devient l'instrument syndical du Parti communiste. La CGT redevient la centrale majoritaire, tandis que la CGTU se marginalise.
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1936 : en mars, réunification de la CGT ; la division demeure toutefois dans les faits entre les « confédérés » et les « unitaires », issus de l'ex-CGTU.
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1939 : exclusion des dirigeants de la CGT refusant de condamner le pacte germano-soviétique.
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1943 : les « accords du Perreux » réunifient la CGT
Naissance de Force ouvrière:
En 1945, le rapport des forces est nettement favorable aux ex-unitaires, qui contrôlent 21 fédérations sur 30.
Les ex-confédérés sont, eux, regroupés autour du journal clandestin Résistance ouvrière, créé en 1943, et autour de Léon Jouhaux, rentré de déportation le 8 mai 1945. Résistance ouvrière devient Force ouvrière.
Dans un premier temps, et pendant plus d'un an, la perspective des confédérés consiste à obtenir ce qu'ils appellent le « redressement interne » de la CGT, sur les principes de la vieille CGT ; il n'est donc pas question d'une scission.
La doctrine des confédérés est celle de l'« indépendance syndicale », indépendance en particulier vis-à-vis du PCF, et du gouvernement, car le PCF a des ministres au gouvernement. Les syndicats contrôlés par le PCF sont fortement encouragés à soutenir la production nationale. C'est l'époque où Maurice Thorez, dirigeant du PCF, déclare : « la grève, c'est l'arme des trusts. »
En septembre 1945, lors du premier comité confédéral national (CCN) depuis la Libération, les ex-unitaires obtiennent la majorité au bureau confédéral et désignentBenoît Frachon comme second secrétaire général. Certains ex-confédérés y voient une politique de prise de contrôle par l'appareil communiste et refusent l'étouffement des revendications.
En août 1946 une scission se produit dans la Fédération des PTT. En septembre, prenant acte de l'échec de la tactique dite du « redressement interne », les confédérés constituent les groupes d'Amis de Force ouvrière, amorce d'une organisation syndicale parallèle à la CGT.
En mai 1947, suite au conflit de Renault, les ministres communistes sont exclus du gouvernement. En septembre, Moscou condamne le plan Marshall et exige de tous les partis communistes qu'ils suivent cette condamnation et rompent avec les gouvernements en place. La CGT se range lors de ces conflits du côté du PCF.
La tension consécutive à ces événements précipite la scission, qui se produit lors de la seconde conférence nationale des groupes FO, les 18 et 19 décembre 1947. Le 19 décembre, Léon Jouhaux et quatre secrétaires confédéraux quittent la CGT.
Le congrès constitutif a lieu le 12 avril 1948. Parallèlement, FO devient une des chevilles ouvrières de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), scission de la fédération syndicale mondiale rejetant l'influence communiste.
L'indépendance syndicale:
FO revendique le principe de l'indépendance syndicale. Cette indépendance vaut à l'égard des partis politiques, des gouvernements, de l'État, du patronat et des Églises. Dans les faits, FO rassemble, à l'époque, tous ceux qui s'opposent aux communistes.